YAN GIGUÈRE/CROISEMENTS

Cette monographie, éditée par le Musée d’art de Joliette dans le cadre de l’exposition Croisements, est une remise en forme des corpus Choisir, 2003-2007, Attractions, 2007-2009 et Visites libres 2009- 2013, dans l’espace du livre.

Cet ouvrage de 260 pages contient, en plus des images, les très beaux essais de Marie-Claude Landry, Valérie Litalien et Sylvain Campeau. Il est disponible à la librairie du Centre Clark, ou en me contactant par courriel. Le prix est de 50$

Croisements est une exposition à caractère rétrospectif qui a eu lieu au Musée d’art de Joliette du 8 octobre 2016 au 7 janvier 2017. Ce projet, initié par la conservatrice Marie-Claude Landry, réunissait dans un même lieu d’exposition les séries Choisir, Attractions, et Visites libres en plus de deux corpus récemment réalisés pour l’occasion. La forêt du chevreuil à lunettes et les Herbes. Au total, plus de 600 images furent déployées sur les cimaises simultanément, soulignant ainsi les 15 dernières années de ma production.

 

Yan Giguère. Croisements

Composées de centaines de photographies, les installations de Yan Giguère se déploient le long des cimaises des galeries. Les clichés happés sur le vif permettent à l’artiste de capter son univers immédiat issu de la vie quotidienne. Cela explique la quantité foisonnante de visuels. On peut cependant s’imaginer que la sélection des images présentées s’est opérée dans un corpus encore plus grand. Si, à première vue, le travail de l’artiste semble s’inscrire dans la spontanéité, il n’en est rien, car entre l’enregistrement de la scène et la présentation de ses mosaïques en galerie, se déroulent plusieurs étapes dont le processus est systématique et rigoureux. Parmi celles-ci, la photographie argentique. Cette dernière, en voie de disparition à l’ère du numérique, résiste chez Giguère et, du même coup, renforce le caractère nostalgique qui émane de ses compositions. De plus, il collectionne des appareils de différentes périodes. Les rendus changent donc d’une image à l’autre. Il en résulte une diversité esthétique, mais également une confusion quant au moment où la scène a été fixée sur la pellicule – comme une superposition d’époques variant selon l’appareil utilisé. La cohabitation du temps court et du temps long caractérise donc sa démarche. Effectivement, l’abondance des clichés instantanés soumis au mode de l’aléatoire rencontre les tâches fastidieuses du développement des films en chambre noire, de la sélection des images et de leur assemblage sur les cimaises de son atelier.

La quantité extraordinaire d’images happée sur le vif, les sujets de la vie intime présentés hors contexte et à l’extérieur du temps et une passion véritable pour la photographie argentique exercent une fascination. Cette dernière est portée par la condition photographique, plus précisément celle associée à l’album personnel qui consigne, sur pellicule, des instants de vie domestique. L’album photo a cette particularité d’incarner une filiation avec un passé qui sollicite d’entrée de jeu la mémoire. S’inscrivant dans cette logique, le contexte et les récits que les images de Yan Giguère contiennent sont par ailleurs dissimulés. En effet, la logique d’accrochage explosée ne dit d’aucune manière les images, si ce n’est le titre ; et, pourtant, elle est au cœur même du travail de Giguère et de toute la richesse qu’il comporte, car elle autorise les projections libres et subjectives de celui ou de celle qui se trouve devant.

Marie-Claude Landry, conservatrice de l’art contemporain

Revue de presse et textes