VISITES LIBRES

Exposition présentée en avril 2013 au Centre Clark, Montréal, à Vu Photo à Québec en octobre 2013 et dans le cadre de l’exposition Croisements au Musée d’art de Joliette en 2016.

Le projet Visites libres est une méditation sur la notion de portrait : celui de la ruralité, d’où je viens, de l’urbanité, où je vis, et des personnes que je côtoie et qui habitent cette société dans laquelle je m’inscris.

Avec ses 260 photographies, le projet Visites libres est certainement le plus exhaustif et le plus dense de Yan Giguère. Les images sélectionnées sur une période de trois ans portent sur l’idée de l’habitation, du dedans et du dehors. Alors que des vues de cabanes laissées pour compte le long des autoroutes et des maisons désertées évoquent la ruralité, des vestibules d’édifices à logements, des cours intérieures, des façades d’entreprises et des architectures industrielles rappellent l’urbanité. Il s’y trouve également de nombreux portraits de visages : des inconnus pour nous, des amis pour l’artiste. Qu’ils soient anonymes ou familiers importe peu, car ce qui ressort de leur présence démultipliée çà et là renvoie à la vie collective et aux relations interpersonnelles. D’ailleurs, le sujet du nid de guêpes évoque, avec ses alvéoles, la famille, la communauté, l’organisation ou la désorganisation sociale. À titre d’exemple, l’on y aperçoit des scènes tirées des manifestations du Printemps érable survenu en 2012 lorsque les étudiants et la population du Québec se sont mobilisés pour s’insurger contre la hausse des frais de scolarité. Sortir dans la rue et habiter l’espace public pour réaffirmer la force du « vivre ensemble » et lutter contre l’inertie sociale marque, à la manière d’une chronique, la composition de Visites libres. L’accrochage des images serrées les unes contre les autres fait mur et avance vers nous, littéralement. Effectivement, la volumétrie des supports – tous fabriqués par l’artiste – sur lesquels sont laminées les photographies transforme la murale en bas-relief où les images font objets. Elles font front commun. La déambulation à laquelle nous convie Visites libres ne comporte ni guide, ni chemin à suivre. Elle est non linéaire et épisodique. Comme Choisir et Attractions, elle n’est pas narrative. Elle s’aborde plutôt sous l’angle de la liberté de mouvement.

Marie-Claude Landry, conservatrice de l’art contemporain

Cette oeuvre fait partie de la collection du Musée d’art contemporain de Montréal.

Revue de presse et textes